Les missionnaires MEP

En 350 ans, les Missions Etrangères de Paris ont contribué à l’évangélisation de nombreux pays d’Asie : la Thaïlande, le Vietnam, la Chine, le Cambodge, l’Inde, le Laos, le Japon, la Corée, la Malaisie, Singapour, la Birmanie, etc… Au XXe siècle, elles ont envoyé des missionnaires, dont 23 sont saints et canonisés. Aujourd’hui encore, elles continuent de prendre part à l’annonce de la Bonne Nouvelle, en envoyant en Asie et dans l’océan Indien des prêtres missionnaires à vie. Une trentaine de séminaristes se préparent actuellement à la vie missionnaire.

La vocation MEP

Prêtres missionnaires :
Ces prêtres sont envoyés en Asie et dans l’océan Indien pour :
• Proclamer l’Evangile et donner un témoignage de vie chrétienne parmi les non-chrétiens
• Participer à la formation des communautés chrétiennes vivantes
• Prendre part à la construction d’un monde de paix et de justice
• Porter avec les Eglises locales le souci des vocations et de la formation des prêtres
Selon les souhaits de l’Eglise locale, mais aussi en fonction des circonstances et de leur sensibilité propre, les missionnaires MEP peuvent assumer une très grande diversité de tâches au service de la même mission :
• Annonce explicite de Jésus-Christ
• Attention aux plus pauvres
• Promotion de la personne humaine
• Dialogue avec nos frères d’autres religions…

Les Volontaires
Les volontaires partent dans les pays où les Missions Étrangères de Paris sont implantées:
– Corée du Sud
– Chine et Hong Kong
– Taïwan
– Philippines
– Indonésie
– Malaisie
– Thaïlande
– Laos
– Cambodge
– Vietnam
– Inde
– Sri Lanka
– Madagascar

Les types de missions Les missions sont très diversifiées, elles peuvent concerner les domaines suivants : • Enseignement (français, anglais mais aussi informatique, mécanique …) • Animation (aumônerie francophone, foyers de lycéens ou d’étudiants, centres pour handicapés ou enfants de la rue) • Soins (lépreux, tuberculeux, personnes âgées, malades du Sida…) • Gestion (comptabilité de diocèses, conduite de projets dans des ONG, projets de développement ruraux…) Cependant, le volontaire doit être acteur de sa mission et peut donc la faire évoluer en fonction des besoins sur place.

Les MEP à MADAGASCAR

Les Missions Étrangères furent dès le début destinées à l’Asie, mais les premiers départs par l’Atlantique obligèrent nombre de missionnaires à séjourner à Madagascar où les lazaristes s’occupaient des colons envoyés à Fort-Dauphin par la Compagnie des Indes. C’est ainsi que Mgr François Pallu (1626-1684) et quelques autres y passèrent quelque temps entre 1663 et 1671.

En 1660, les lazaristes de Fort-Dauphin étaient revenus en France, épuisés et déçus. En 1663, ils firent une nouvelle tentative, menée par M. Étienne Frachey (1630-1668), volontaire pour la Chine. Il n’avait pu suivre Mgr Pallu en 1662 pour cause de maladie et espérait trouver une occasion pour gagner l’Asie.

Quand ils arrivèrent, les Français avaient ruiné le pays jusqu’à 60 lieues de Fort-Dauphin. le Père Frachey organisa une sorte d’hôpital pour les malades du “St-Charles”, une église pour 100 personnes et donna une retraite pour les 60 Français qui ne s’étaient pas confessés depuis 6 ou 7 ans.

Il ouvrit un “Séminaire” avec une quinzaine d’enfants et constitua un district de 10 à 12 villages.

Le Père Frachey dut attendre quatre ans, le passage d’un groupe de Messieurs des Missions Étrangères, avec M. Jacques de Bourges (1630-1714) à leur tête. Ils étaient partis avec la flotte de Mondevergue, en mars 1666, étaient passés au Brésil et on ne les attendait plus. Jacques de Bourges semblait peu enthousiaste dans sa lettre du 12 octobre 1667 :

“Nous sommes enfin arrivés a l’isle de Madagascar le 6 de mars dernier ; nous avons trouvé le pays en bien autre estat que celuy qu’on avoit depinct a Paris a ces messieurs de la compagnie des Indes orientalles. Depuis plus de sept mois que nous y sommes, tout ce qu’on a pu faire a esté d’y faire vivre les françois qui y sont, encor a grand’peine. Plusieurs sont morts, en partie des fatigues precedentes d’une si longue et pénible navigation, en partie faute de trouver icy de quoy se maintenir et reparer leurs forces affoiblies par une longue disette soufferte dans les vaisseaux…”

En 1669, les directeurs de la Compagnie des Indes chargèrent M. de Chamesson, membre laïc des Missions Étrangères, accompagné des Pères Pierre Langlois (1640-1700) et Bégnine Vachet (1641-1720) de faire un rapport sur la situation à Fort-Dauphin : cette fois les Missions Étrangères eurent avec les lazaristes des relations plus difficiles, mais les aidèrent avec à leur service quelque 600 colons jusqu’à leur départ en 1670.

Peu après, c’est Mgr Pallu lui-même qui arriva à Fort-Dauphin avec 4 pères. Avant d’arriver au cap de Bonne Espérance, leur navire avait perdu 77 hommes sur la centaine que comptait l’équipage. À Madagascar, ils furent contraints d’attendre plus d’un an avant de trouver un navire en direction de Surate et de l’Asie. Dans la relation envoyée à Paris, ils décrivaient ainsi le pays et ses habitants :

“Cette Isle où nous sommes arrestés depuis près de cinq mois ne rapporte ny bled, ny vin, mais en récompense elle a une assez grande abondance de ris, de bestial, de volailles et de plusieurs fruicts et excellentes racines qui peuvent bien suffire pour les nécessitez de la vie. “Mais il y a un obstacle qui bien souvent empesche qu’on ne puisse jouir de ces beaux avantages, à sçavoir la malignité de l’air que l’on dict estre fort malsain, et fort difficile aux estrangers, principalement aux Européens, et de s’y accoustumer.” Le Génie des peuples qui habitent cette Isle est assez conforme à l’air qu’ils respirent. Ces peuples sont de deux sortes: les uns sont appelez noirs parce qu’ils ont les traicts du visage et les cheveux courts, et en façon de laine comme les autres negres de l’Affrique; et les autres sont appelez blancs, non pas qu’ils le soient en effect, mais parce qu’ils sont un peu moins noirs que les autres, et ont les cheveux longs et les traicts du visage comme les Européens et les Asiatiques”…

“Messieurs de la Mission de St Lazare ayant entrepris ce grand oeuvre ont faict passer en cette isles en 4 ou 5 différentes fois et depuis 23 ans environ 24 excellents ecclésiastiques qui s’y sont touts portés avec tout le zèle et toute la charité et toute la constance qui sont ordinaires à ces messieurs en toutes leurs entreprises. Ils sont présentement touts morts, soit dans le cours de leurs voiages, soit par des accidents, soit par des maladies qu’ils ont contractées dans l’exercice de leurs fonctions”…

Le 14 août 1671, lorsque Mgr Pallu et ses trois compagnons survivants quittèrent l’île, l’abandon de Fort-Dauphin fut décidé par l’amiral de La Haye, au profit de l’île Bourbon. Ne restèrent que 200 Français pratiquement abandonnés de la métropole, ne vivant que de leurs jardins, affamés, ne quittant pas Fort-Dauphin de peur d’être assassinés. Le 27 août 1674, la moitié des Français fut massacrée. Le 9 septembre 1674 les magasins furent brûlés et le canon encloué, les 63 Français qui restaient parvinrent à Bourbon. À compter de cette date, les navires français firent escale aux Comores et plus tard à l’île Maurice.

Les prêtres des Missions Étrangères à Toamasina

L’expulsion des missionnaires de Chine, puis d’autres pays, fut l’occasion d’une action apostolique des Missions Étrangères à Madagascar. Le premier à y venir fut le P. Henri Cotto (1908-1988), administrateur du diocèse de Pakhoi, sur la côte sud de la Chine, à la frontière du Vietnam. C’est en effet surtout de cette région que des Chinois avaient émigré à Madagascar, à partir de 1920. Plus tard en 1961, les missionnaires arrivèrent à Mananjary, puis certains allèrent travailler, à Majunga et Mandritsara et d’autres à l’île Maurice et à la Réunion.

À la demande du délégué apostolique et des évêques de Madagascar, M. Cotto arriva à Tamatave le 8 août 1953. Mgr le Breton l’hébergea dans sa résidence, et lui accorda toutes facilités pour son ministère auprès de la communauté chinoise.

Le plan du P. Cotto était le suivant : établir un centre catholique chinois à Tamatave, avec école et catéchuménat, puis détacher un ou deux pères itinérants à travers toute l’île pour contacter les Chinois, spécialement dans les villes. Un centre catholique chinois débuta modestement et se développa au cours des années. Simultanément deux pères dont un Chinois, le père Matthieu Hui, arrivé en août 1955, se déplaçaient à travers Madagascar. Le P. Cotto fit venir ensuite plusieurs anciens missionnaires du diocèse de Pakhoi : les Pères Auguste Barreau (1910-1987), Thomas Elhorga (1919-2001), Bernard Blusson (1923-1967), Paul Bardet (1922-1990) et Aimé Pinsel (1920-…). Le 17 août 1953 fut fondé le Centre catholique chinois (C.C.C.), qui s’établit dans des bâtiments de l’évêché pendant la première année. Le 5 septembre 1954 il fut déménagé au 5, rue Ile-de-France, avant de se fixer à Tamatave (Toamasina) car la majorité des Chinois venait y faire leurs études. Ses locaux furent inaugurés le 26 septembre 1954. Outre ses activités scolaires et spirituelles auprès des jeunes, ce centre organisa la visite des communautés chinoises de toute l’île. Certains missionnaires furent spécialement affectés à l’enseignement, mais le P. Elhorga, puis le P. Pinsel s’occupèrent spécialement de la visite des familles chinoises dispersées à travers tout le pays. Arrivé en 1954, le P. Elhorga se consacra une année à cette tâche, que prit ensuite en charge le Père Hui. Le P. Elhorga put ainsi mieux aider les Pères Cotto et Barreau, secondés à partir de septembre par le P. Robert Lebas (1905-1995).

Par arrêté paru au Journal Officiel de Madagascar, le 7 mai 1955, le Centre catholique chinois fut reconnu officiellement comme association ayant un double but : culturel et religieux auprès des Chinois et métis chinois de Madagascar. Le P.Cotto en fut le président fondateur.

À la fin de l’année 1956, Robert Lebas malade dut repartir ; le nombre des élèves s’élevait alors à 90 ; 120 catéchumènes étaient préparés au baptême et on comptabilisa 270 journées de tournées pour l’année, en grande partie effectuées par les P. Hui et Elhorga. Paul Bardet (1922-1990) arriva en janvier 1957 mais dut d’abord apprendre le chinois, tandis que le P. Hui continuait ses visites jusqu’à Tuléar et Fort-Dauphin.

En 1959, on comptait plus de 200 adultes baptisés à travers l’île, dont le consul chinois de Tananarive. En 1960, les P. Hui et Élhorga se partagèrent le travail des visites : Le P. Hui s’occupa de Tananarive, Fianarantsoa et Tuléar et le P. Élhorga des régions de Tamatave, Diégo-Suarez et Majunga.

En 1961, le statut révisé du Centre Catholique Chinois fut approuvé lors d’une assemblée de l’épiscopat de Madagascar. Le P. Cotto avait acheté un terrain de 5 ha et commençait à bâtir : il y avait alors 300 élèves dont 140 internes.

En 1963, le Centre Catholique Chinois dirigé par le P. Cotto se présentait essentiellement comme un ensemble scolaire composé de bâtiments sans étages dont deux de 60 m et deux de 50 m de long. C’était la plus vaste école de la région, elle recevait alors 360 élèves chinois dont 185 internes.

Un autre ancien de Chine, le P. Bernard Blusson (1923-1967) vint, malgré une santé fragile, aider l’équipe du C.C.C. En 1964, le P. Hui partit pour les États-Unis et le P. Elhorga fut rappelé en France. En 1966, le P. Pinsel, prit en charge la visite de toutes les communautés chinoises de l’île. Cette même année, le centre ouvrit ses portes à des élèves malgaches, créoles et français, l’effectif total était de 424 élèves.

En 1970, le P. Cotto souleva le problème de la pastorale pour les Chinois et de leur place dans l’église locale. Ceux-ci n’ont jamais eu de paroisse particulière. En 1972, en raison des événements politiques et de la “malgachisation” imposée par le gouvernement, le P. Cotto transforma le collège du Centre chinois en lycée franco-chinois dépendant de l’Université d’Aix-Marseille. Vers 1975, le lycée comptait près de neuf cents élèves.le Père Cotto y garda sa résidence ; il en assura l’aumônerie et tout en restant vicaire à la cathédrale de Tamatave, continua la visite des communautés chinoises de la région de Tamatave. Il se préoccupa aussi du problème des métis chinois.

Il aida de diverses manières, les Chinois de la diaspora que les évènements de 1972 avaient obligés à quitter l’île. En 1985, il reçut à Tamatave la visite de plusieurs délégations officielles chinoises envoyées par le gouvernement de Pékin, et celle du nouvel ambassadeur chinois à Madagascar.

Le but que s’était fixé le P. Cotto de préparer un avenir chrétien aux Chinois dispersés dans l’île était réalisé. Nombre d’entre eux devinrent chrétiens : certains émigrèrent en France ou au Canada, mais l’action des missionnaires de la Société des Missions Étrangères n’a pas été oubliée.

Les MEP aujourd’hui.

Un prêtre des missions étrangères est présent à Tamatave depuis 2015, premier prêtre MEP depuis vingt ans venant dans cette mission (qui avait été transférée à Antananarivo). Le Père Thomas a été envoyé en tant que gestionnaire et économe de l’évêché. Il est secondé par des volontaires qui viennent servir le diocèse pour une durée de 1 an ou 2 ans.